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Rétrospective 2018: la Russie

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Réélu à la tête de la Fédération de Russie le 18 mars, Vladimir Poutine a renforcé, en 2018, la capacité de son pays à compter sur la scène internationale. Dans un contexte de tensions avec l’Occident, Moscou s’est cherchée de nouveaux alliés. Toutefois, la popularité du président russe a parfois pâti de ses ambitions internationales.

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Vladimir Poutine parviendra-t-il à allier politique étrangère ambitieuse et satisfaction populaire en 2019 ?

En Russie, l’année 2017 s’était achevée par des manifestations de soutien à l’opposant Alexeï Navalny, condamné à ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2018. Ce contexte agité n’a pas empêché Vladimir Poutine de se faire réélire quatre mois plus tard, sans grande surprise, à plus de 76% des voix. Si la continuité politique a assuré une certaine stabilité au pays, les relations de Moscou avec l’Occident se sont de nouveau dégradées en 2018.

Tensions avec l’Occident

Les tensions principales se sont concentrées sur des problématiques de cybersécurité et d’ingérence. En effet, à plusieurs reprises cette année, la Russie a été accusée de s’immiscer dans les processus électoraux de pays étrangers à l’aide de virus et de bots. En février, le logiciel malveillant NotPetya est pointé du doigt par les Etats-Unis et une poignée de pays européens. Il est accusé d’infecter les ordinateurs d’entreprises occidentales et de réclamer une rançon en échange de la récupération des données. Des experts en informatique ont retracé la première attaque du virus jusqu’à une entreprise ukrainienne. Cela laisse à penser que la Russie a tenté de déstabiliser ce pays frontalier, dans un contexte de tensions permanentes sur l’annexion de la Crimée. Les réseaux sociaux ont également constitué une cible de choix pour Moscou. Nombres de plateformes, parmi lesquelles Tumblr, Twitter et Facebook, ont annoncé avoir supprimé des comptes liés à la Russie et accusés de mener des campagnes de propagande et de désinformation. En avril, le ton est monté d’un cran quand les Etats-Unis ont établi de nouvelles sanctions contre la Russie pour « activités malveillantes envers les démocraties occidentales ». Les entreprises russes cotées en bourse se sont effondrées, fragilisant ainsi la faible croissance retrouvée.

L’année a également été marquée par les suites de l’affaire Skripal, du nom de l’ancien espion russe empoisonné par les services secrets de Moscou. La Russie et le Royaume-Uni se sont affrontés à coup de déclarations et de sanctions. Cet épisode a gravement nui aux relations diplomatiques entre les deux pays et a renforcé l’image négative que portait déjà la Russie aux yeux des Occidentaux. En juillet, il a même été évoqué une possible ingérence russe dans la campagne pro-Brexit à travers des financements opaques. Enfin, fin novembre, la Russie a capturé trois navires ukrainiens dans le détroit de Kercht à la suite d’un différend territorial. Cet incident a ravivé les tensions existantes et a entraîné une condamnation de la Russie par les pays occidentaux.

Toutefois, au milieu de ces nombreuses discordes, Moscou est parvenue à organiser une Coupe du Monde de football qui a été taxée de « magnifique » par la FIFA. Cet événement constituait une véritable épreuve pour la Russie, qui l’a réussie haut la main. Les autorités ont géré d’une main de fer l’organisation afin qu’aucun débordement ne soit possible. Les hooligans russes de l’Euro 2016 ont été remplacés par un public chouchouté et trié sur le volet. Le succès de la Coupe a permis à la Russie de redorer, partiellement, son image à l’échelle internationale. Enfin, dans un domaine bien différent, la victoire est quasiment actée pour le camp d’Assad en Syrie, ce qui constitue également une réussite pour les Russes qui l’ont soutenu. En effet, ces derniers ont su se rendre indispensables tout au long du processus de reconquête du territoire. Ils ont ainsi supplanté la coalition des Occidentaux qui ne sont pas parvenus à se faire entendre dans les négociations. Le retrait des troupes américaines annoncé en fin d’année est le coup de grâce porté à une coalition déjà affaiblie. La victoire d’Assad est aussi la victoire de Poutine.

La Russie, à la recherche de nouvelles alliances ?

Mise au ban par les Occidentaux, la Russie a cherché, en 2018, à nouer de nouveaux partenariats. En août, Moscou a signé un accord renforçant ses liens militaires avec la Centrafrique, à laquelle elle fournit déjà des armes et des instructeurs militaires. L’implication croissante de la Russie en Centrafrique doit être comprise dans le cadre d’une stratégie plus grande : celle de la reconquête géopolitique et économique de Moscou sur l’Afrique.

Du côté de l’Asie, le Kremlin a renforcé ses relations avec la Chine, en organisant, notamment, un exercice militaire conjoint de grande envergure au mois de septembre. Ce rapprochement s’explique par un contexte international qui pousse les deux pays à unir leurs forces. La guerre commerciale déclarée par les Etats-Unis contre la Chine peut être perçue comme une aubaine pour Moscou. Leur adversaire commun les encourage à renforcer leurs liens économiques, militaires et politiques.

Plus discrètement, Moscou a consolidé sa relation avec la Turquie à travers, notamment, l’établissement de nouvelles infrastructures d’acheminement du gaz russe. En effet, Ankara est fortement dépendante de la Russie pour son énergie. Une fois de plus, l’alliance entre les deux pays est significative de la volonté du Kremlin de s’allier avec des dirigeants qui « dérangent » les Occidentaux. De fait, depuis le coup d’Etat de 2016, de fréquentes tensions sont apparues entre le président de la Turquie, Erdogan, et les puissances occidentales. Dans une dynamique similaire, la Russie est restée fidèle à son allié l’Iran, quand celle-ci se trouvait en désaccord avec les Occidentaux. Ainsi, alors que le président américain Donald Trump menaçait de torpiller l’accord de 2015 sur le nucléaire et que certains dirigeants, comme Emmanuel Macron, proposaient une renégociation, la Russie a soutenu l’Iran dans son refus d’établir un nouvel accord.

La toute-puissance de Poutine remise en cause ?

La volonté de Vladimir Poutine de redonner une place de choix à la Russie sur la scène internationale a parfois été perçue par les Russes comme un abandon de la population locale. 2018 a été une année compliquée pour le président russe, en matière de politique intérieure. Deux jours avant son investiture, d’importantes manifestations ont eu lieu sous le cri de ralliement « Il n’est pas un tsar ! », traduisant un certain épuisement de la toute-puissance poutinienne. Fin août, les Russes ont de nouveau battu le pavé pour protester contre la très impopulaire réforme des retraites. Un mois plus tard, quatre gouverneurs proches de Moscou étaient éliminés au cours d’une élection locale. Fin décembre, lors de la conférence annuelle du président, les questions intérieures, sociales et économiques, ont dominé les débats, démontrant de l’urgence politique à répondre aux griefs de la population. Avec une popularité en chute, Vladimir Poutine est contraint de réévaluer ses priorités. Le mythe de l’Occident oppresseur ne semble plus suffire à rallier les Russes derrière leur président. Le niveau des revenus réels a baissé et les campagnes patriotiques fatiguent l’opinion publique. 2019 sera-t-elle l’année de la réinvention politique pour Poutine ?

 

Sources:

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/02/15/virus-informatique-notpetya-le-royaume-uni-accuse-la-russie-qui-dement_5257443_4408996.html?xtmc=russie&xtcr=206

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/03/26/russie-le-reseau-social-tumblr-a-supprime-84-comptes-accuses-de-propagande_5276469_4408996.html?xtmc=russie&xtcr=157

https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/04/10/tempete-boursiere-en-russie-apres-les-nouvelles-sanctions-americaines_5283282_3234.html?xtmc=russie&xtcr=142

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/04/16/etats-unis-et-royaume-uni-accusent-la-russie-d-avoir-attaque-des-millions-de-materiels-connectes_5286271_4408996.html?xtmc=russie&xtcr=133

https://www.lemonde.fr/international/article/2018/05/23/moscou-met-sous-surveillance-les-medias-britanniques-travaillant-en-russie_5303479_3210.html?xtmc=russie&xtcr=105

https://www.lemonde.fr/referendum-sur-le-brexit/article/2018/07/30/une-commission-parlementaire-britannique-soupconne-la-russie-d-avoir-influence-la-campagne-pro-brexit_5337447_4872498.html?xtmc=russie&xtcr=77

https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/11/25/l-ukraine-accuse-la-russie-d-avoir-tire-sur-ses-navires-en-mer-d-azov_5388475_3214.html?xtmc=russie&xtcr=15

https://www.lemonde.fr/mondial-2018/article/2018/07/16/la-russie-tire-profit-du-succes-de-sa-coupe-du-monde_5332056_5193650.html?xtmc=russie&xtcr=81

https://www.lemonde.fr/syrie/article/2018/09/17/syrie-accord-entre-la-russie-et-la-turquie-pour-creer-une-zone-demilitarisee-a-idlib_5356368_1618247.html?xtmc=russie&xtcr=51

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/08/21/la-russie-renforce-ses-liens-militaires-avec-la-centrafrique_5344581_3212.html?xtmc=russie&xtcr=67

https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/09/20/l-environnement-international-rapproche-chaque-jour-la-chine-et-la-russie_5357697_3232.html

https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/11/20/la-turquie-renforce-sa-dependance-au-gaz-de-russie_5385959_3218.html?xtmc=russie&xtcr=17

https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/10/26/rome-fait-les-yeux-doux-a-moscou-en-plein-bras-de-fer-avec-l-ue_5374927_3214.html?xtmc=russie&xtcr=30

https://www.lemonde.fr/yemen/article/2018/02/26/onu-la-russie-met-son-veto-a-une-resolution-sur-le-yemen-epinglant-l-iran_5262902_1667193.html?xtmc=russie&xtcr=196

https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/04/25/nucleaire-iranien-hassan-rohani-rejette-l-idee-d-un-nouvel-accord_5290251_3218.html?xtmc=russie&xtcr=124

https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/05/05/manifestations-anti-poutine-en-russie_5294837_3214.html?xtmc=russie&xtcr=121

https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/08/29/russie-poutine-assouplit-finalement-sa-reforme-contestee-des-retraites_5347579_3214.html?xtmc=russie&xtcr=60

https://www.lemonde.fr/international/article/2018/09/25/en-russie-quatre-gouverneurs-pro-pouvoir-elimines-lors-d-un-vote_5359821_3210.html?xtmc=russie&xtcr=42

https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/21/en-russie-vladimir-poutine-confronte-a-une-chute-de-popularite_5400675_3210.html?xtmc=russie&xtcr=1

 

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Clara JALABERT

Clara JALABERT est étudiante en Master International Security à l'école d'affaires internationales de Sciences Po. Elle se spécialise dans l'étude de l'Asie et des risques sécuritaires.

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